Une nouvelle œuvre fascinante émerge des cieux artistiques avec la redécouverte de ce portrait de “Mademoiselle Lieser” (1917), une œuvre perdue depuis 1925 et provenant d’une collection privée autrichienne. L’effervescence autour de cette trouvaille est amplifiée par le fait qu’elle émane du génie créatif de Gustav Klimt, figure emblématique de la Sécession viennoise.
Le tableau (140×80 cm), enveloppé dans le style décoratif distinctif qui a consacré Klimt comme l’un des grands maîtres de l’Art nouveau, dévoile une jeune femme brune émergeant d’un fond rouge orangé, drapée dans un somptueux manteau bleu, délicatement orné de fleurs. Cet exemple exquis du talent de Klimt allie l’esthétique symboliste à la sensualité qui a caractérisé bon nombre de ses œuvres les plus célèbres.
La dernière fois que ce chef-d’œuvre a été présenté au public remonte à 1925, lors d’une exposition à Vienne à la Neue Galerie d’Otto Kallir. C’est grâce à des photographies prises à l’époque que l’identification récente de l’œuvre a pu avoir lieu, ramenant ainsi à la vie une pièce qui avait été oubliée pendant près d’un siècle.
Peint quelques mois seulement avant la mort prématurée de Gustav Klimt en 1918, le portrait est le témoin de la connexion avec Henriette Amalie Lieser (1875–1943), une mécène viennoise renommée. Il est suggéré que la jeune femme représentée pourrait être l’une des deux filles, Hélène ou Annie, ou même la nièce d’Henriette Amalie Lieser, ajoutant une dimension personnelle poignante à cette pièce déjà captivante.
Le tableau a été réalisé dans l’atelier de Klimt à Hietzing (13ᵉ arrondissement de Vienne) entre avril et mai 1917 ; il est tout à fait vraisemblable que ce tableau fut sa dernière œuvre. Gustav Klimt meurt d’un accident vasculaire cérébral, le 6 février 1918. Le tableau présente plusieurs zones avec des manques, ce qui montre qu’il n’était pas encore achevé.
La triste destinée de “Lilly” Lieser, amie intime d’Alma Mahler, prend une tournure tragique avec sa mort en déportation en 1943. La découverte de “Portrait de Mademoiselle Lieser” soulève naturellement des questions sur le sort de l’œuvre pendant cette sombre période de l’histoire.
La possibilité que l’œuvre ait été spoliée par les nazis est une hypothèse légitime, étant donné les pratiques de confiscation et de vol d’art opérées par le régime hitlérien durant la Seconde Guerre mondiale.
Le cas emblématique du “Portrait d’Adèle Bloch Bauer I” (1907) de Gustav Klimt, qui a été spolié par les nazis et récupéré en 2006 par une descendante de sa propriétaire, souligne la réalité de ces pratiques.
L’absence actuelle de preuve de spoliation concernant “Portrait de Mademoiselle Lieser” apporte une nuance importante à l’histoire de cette œuvre d’art. Les descendants d’Henriette Lieser, après avoir visité la toile lors de sa présentation à Vienne le 25 janvier, n’ont pas formulé de réclamation à son sujet.
Cependant, la prudence a prévalu dans cette situation complexe, comme en témoigne la conclusion d’un contrat entre les descendants et les propriétaires actuels, qui ont hérité de l’œuvre.
La future exposition et mise aux enchères de “Portrait de Mademoiselle Lieser” suscitent déjà l’attention et l’anticipation des amateurs d’art du monde entier.
Après avoir été présentée en Suisse, en Allemagne, en Grande-Bretagne, et à Hong Kong, l’œuvre retrouvera le chemin de Vienne, où elle sera mise en vente par la maison de vente aux enchères im Kinsky le 24 avril.
L’œuvre pourrait être vendue entre 30 et 50 millions d’euros. En 2023, La Dame à l’éventail (1917–1978), également de Klimt, avait trouvé preneur pour 85 millions d’euros à Londres. C’était à ce jour, le plus haut montant jamais atteint aux enchères par une peinture de Klimt, et même par une œuvre d’art en Europe.
Bonne lecture…